Soul to soul

Ils nous quittent, pas leur musique…

1953/ DONALD KINSEY /2024

Dramatique série pour la famille Kinsey : quelques semaines après le décès de son frère aîné Ralph. c’est au tour de Donald Kinsey, victime l’été dernier d’un grave accident de voiture, de disparaître.

Comme ses frères, le jeune Donald ne tarde pas, sous l’influence de son père, le blues-man de Gary, dans l’Indiana, Lester J. Kinsey Jr., à se lancer dans la musique, et il est à peine adolescent quand il commence à se produire avec celui-ci et son frère Ralph sous le nom de Big Daddy Kinsey & His Fabulous Sons avant de créer avec Ralph un trio blues rock avec le bassiste Busta Jones, White Lightnin’, qui publie un album éponyme sur Island (dont un titre sera samplé par De La Soul).

En parallèle, sa réputation personnelle décolle, et il intègre l’orchestre d’Albert King, apparaissant sur l’album Stax de 1974 « | Wanna Get Funky » ainsi qu’au festival de Montreux en 1973 qui donnera « Blues At Sunrise ».

Sa carrière prend un virage inattendu quand il est embauché pour rejoindre les Wailers, le groupe de Bob Marley, qui cherche alors à conquérir un public plus large que celui des amateurs de reggae. Donald ne tarde pas à se faire remarquer dans le monde de la musique jamaïcaine, travaillant notam-ment, outre Marley, avec Peter Tosh et Burning Spear et apparaissant sur plusieurs albums majeurs du genre dont

« Rastaman Vibration » de Bob Marley

& The Wailers et « Legalize It » de Peter

Tosh. Il est également à la guitare derrière le duo de ce dernier avec

Mick Jagger, (You got to walk and)

Don’t look back. C’est d’ailleurs dans un registre reggae qu’il fait ses débuts en solo – mais avec son frère Ralph à la batterie – pour un single sorti en 1981 sous le nom de Don Kinsey And The Chosen Ones… Il participe également au début des années 1980 à des séances pour Betty Wright.

Mais l’appel du blues est le plus fort.

Donald et Ralph, avec leur plus jeune frère Kenneth à la basse, s’associent sous le nom du Kinsey Report – un jeu de mots avec les ouvrages du pionnier de la sexologie Alfred Kinsey – pour accompagner leur père pour son premier album, qui sort en 1985 sur Rooster. Repéré par Bruce Iglauer, Donald apparaît sur deux albums

Alligator de Roy Buchanan alors que le label sort le premier album du Kinsey Report et que le groupe, crédité Donald Kinsey & The Kinsey Report est au programme de l’anthologie

« The New Bluebloods »

La période est particulièrement favorable à leur blues rock musclé et le groupe publie un second album pour Alligator, puis deux disques pour Point Blank. Les frangins accompagnent à nouveau leur père sur « Can’t Let Go » qui paraît sur Blind Pig en 1990, mais Donald est le seul à apparaître au générique de l’acoustique « Ramblin’ Man » qui sort cinq ans plus tard. Un dernier album du Kinsey Report apparaît en 1998, à nouveau sur Alligator, « Smoke And Steel », suivi d’un EP autoproduit, « Standing (I’ll be) » en 2014, mais l’ensemble reste actif sur scène jusqu’en 2022.

En solo, Donald Kinsey participe à la tournée 2006 du Chicago Blues Festival, avec Trudy Lynn et le groupe de Wayne Baker Brooks, et se produit ensuite à plusieurs reprises sur les scènes francaises, entre 2014 et 2016, avec le groupe du guitariste Nico’ZZ.

En dehors d’une apparition sur une anthologie « Playing For Change » en 2018 et de l’album « One World » des Wailers en 2020, il ne semble pas avoir enregistré ces dernières années.

Malgré une santé fragile, il était encore apparu l’été dernier dans le cadre de l’hommage à Albert King au festival de blues de Chicago.

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